La 63ᵉ session de la conférence des Chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’est achevée dimanche 9 juillet en Guinée-Bissau. Et c’est le président du Nigeria, Bola Tinubu, qui a été élu président en exercice de l’organisation en remplacement du dirigeant bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo.
À l’ordre du jour de la réunion des chefs d’État de la sous-région : les transitions en cours au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. Sur un autre volet, il a également été question de l’avancement de la future force de la Cedeao appellée à lutter contre le terrorisme ou à intervenir si nécessaire dans les États afin de rétablir l’ordre constitutionnel.
Le président Tinubu a fait des changements anticonstitutionnels l’une de ses priorités, il a notamment insisté sur le fait que la démocratie était « la meilleure forme de gouvernement », bien qu’elle soit « très difficile à gérer ». « Nous en avons besoin pour être un exemple pour le reste de l’Afrique et du monde, a-t-il déclaré. Nous ne permettrons pas qu’il y ait coup d’État après coup d’État en Afrique de l’Ouest », a-t-il ajouté. Trois membres de la Cedeao (le Mali, la Guinée et le Burkina Faso) ont subi cinq coups d’État depuis 2020.
Omar Alieu Touray, président de la commission de la Cedeao, a exhorté les juntes de ces pays à respecter les délais convenus pour remettre le pouvoir à des dirigeants civils. « Dans le cas où le temps imparti pour la transition échoue, des sanctions majeures pourront tomber », a-t-il prévenu.
Dimanche, Omar Alieu Touray a déclaré que la Cedeao avait mis en place une commission chargée d’examiner les options en matière de sécurité au Mali, alors que les Nations unies mettent un terme à leur mission de maintien de la paix dans ce pays, qui dure depuis dix ans. « Cette commission dispose de 90 jours pour réfléchir et faire des propositions », a-t-il annoncé.
Samedi, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a accepté de lever la suspension du Mali de ses organes et institutions, décidée en janvier 2022 pour sanctionner l’intention de la junte de se maintenir au pouvoir plusieurs années. « Concernant le Mali, la Conférence a décidé de la levée de sa suspension des organes et institutions de l’UEMOA prise le 9 janvier 2022 », annonce-t-elle, sans plus de détails.
La Cedeao avait aussi imposé une série de mesures à l’encontre de l’État du Sahel, mais les a levées en juillet 2022 après que la junte avait accepté une transition en mars 2024.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une crise sécuritaire profonde, nourrie par des groupes djihadistes et séparatistes ou proclamés d’autodéfense. Partie du nord, elle s’est propagée au centre du pays puis au Burkina Faso et au Niger voisins.
M. Tinubu, qui a prêté serment en mai en tant que président de la plus grande économie d’Afrique, a promis que les membres de la Cedeao poursuivraient une intégration économique « inclusive » au cours de l’année à venir. « Nous devrions avertir les exploiteurs que notre peuple a suffisamment souffert, a-t-il affirmé dimanche. Je suis avec vous, et le Nigeria, nous sommes de retour. »
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