EBOMAF : Quand la presse française recycle l’insinuation pour fabriquer le soupçon
L’affaire opposant le groupe EBOMAF et sa filiale LTI Aviation au magazine Jeune Afrique dépasse de loin une simple controverse factuelle. Elle révèle un mécanisme désormais bien rodé : la construction de récits hostiles visant des acteurs économiques africains stratégiques, à travers des allégations graves, non étayées, mais politiquement chargées. En imputant sans preuve à EBOMAF une implication supposée dans la fuite de l’officier accusé de putsch au Bénin, l’article publié par le média français le 18 décembre 2025 s’inscrit dans une logique de soupçon systémique plutôt que d’information rigoureuse.
Le démenti formel publié par EBOMAF et LTI Aviation est sans ambiguïté : aucun aéronef de la compagnie n’a transporté le colonel Pascal Tigri. Cette précision factuelle, simple à vérifier dans un cadre journalistique sérieux, n’a manifestement pas été jugée nécessaire par Jeune Afrique. Ce manquement à la vérification élémentaire des sources pose une question centrale : s’agit-il d’une erreur ou d’un choix éditorial assumé, dicté par un prisme idéologique hostile aux groupes africains autonomes et puissants ?
Depuis plusieurs années, EBOMAF incarne une réussite économique panafricaine indépendante, active dans des secteurs stratégiques ; infrastructures, logistique, aviation ; historiquement dominés par des intérêts extérieurs. Cette autonomie dérange. Elle bouscule des équilibres anciens et remet en cause une narration confortable où l’Afrique ne serait qu’un espace d’exécution, jamais de décision. Dans ce contexte, l’usage de l’insinuation devient une arme politique pour suggérer sans prouver, associer sans démontrer, salir sans assumer.
Le plus préoccupant reste la légèreté avec laquelle des faits d’« extrême gravité » sont imputés à une entreprise privée, sans respect du droit de réponse préalable ni recoupement sérieux. Ce procédé affaiblit non seulement la crédibilité du média concerné, mais participe à une entreprise plus large de désinformation, où la rumeur tient lieu de source et où l’Afrique est encore traitée comme un terrain d’expérimentation narrative.
EBOMAF, en exigeant un démenti clair et une rectification visible, ne défend pas seulement son honneur. Le groupe rappelle une exigence fondamentale : l’Afrique et ses acteurs économiques ont droit à un traitement médiatique équitable, rigoureux et respectueux. Face aux récits hostiles et aux constructions médiatiques orientées, la réponse ne peut être que politique, ferme et assumée. Il ne s’agit plus seulement de corriger une information erronée, mais de dénoncer un système de production du soupçon qui, trop souvent, sert de substitut à l’analyse.
N’Dala