Tchad : La bataille de la vérité face aux offensives numériques contre les FDS
À l’heure où les réseaux sociaux façonnent l’opinion plus vite que les faits ne la rattrapent, le Tchad se trouve confronté à une épreuve classique mais redoutable : la désinformation comme arme politique. Les récentes prises de position du Président, dénonçant des campagnes de « fake news » visant les Forces de défense et de sécurité (FDS), posent un enjeu central de gouvernance contemporaine de protéger l’État sans restreindre la vérité, défendre la cohésion nationale sans céder à la peur.
Ce que révèle la sortie ferme de la Présidence tchadienne, ce n’est pas seulement l’existence de rumeurs malveillantes. C’est la lucidité d’un pouvoir qui identifie la désinformation comme un champ de bataille à part entière. Parler de « guerre psychologique » n’est pas un effet de style : c’est reconnaître que, dans l’Afrique d’aujourd’hui, la stabilité ne se joue plus uniquement aux frontières ou sur les théâtres d’opérations militaires, mais aussi dans l’espace numérique, là où se fabriquent les perceptions, les colères et parfois les fractures.
Les FDS, pilier régalien par excellence, constituent une cible stratégique pour ces entreprises de déstabilisation. Suggérer des tensions internes, remettre en cause la loyauté des états-majors, fragiliser l’image de l’institution militaire : le schéma est connu sur le continent. Il a précédé trop souvent des crises majeures. En réaffirmant un soutien « entier et inconditionnel » aux FDS, le président Mahamat Idriss Déby Itno ne se contente pas d’un geste symbolique. Il verrouille le récit national autour d’un message clair dans lequel l’armée tchadienne reste un facteur d’unité, non un terrain de jeu pour les officines de l’ombre.
Mais l’essentiel est ailleurs. L’annonce de poursuites judiciaires marque un tournant communicationnel assumé. L’État tchadien ne se pose plus seulement en démenti passif ; il devient acteur de la régulation de l’espace informationnel. Cette posture, si elle est menée avec rigueur et discernement, participe d’une refondation de l’autorité publique, fondée sur la responsabilité et la redevabilité. Car la liberté d’expression n’est pas la liberté de nuire à la nation.
Dans une perspective panafricaine, le message est limpide : l’Afrique ne peut prétendre à la souveraineté politique sans souveraineté narrative. L’appel à la vigilance citoyenne lancé par les autorités est une invitation à la maturité démocratique. Refuser de relayer l’info toxique, c’est déjà défendre la République.
Au fond, cette séquence révèle un État qui assume de nommer ses adversaires ; la manipulation, l’ingérence, le mensonge ; et de s’y opposer frontalement. Le Tchad trace ainsi une ligne, celle d’une stabilité construite, défendue et expliquée. Une stabilité qui ne se décrète pas, mais qui se protège, mot après mot, vérité après vérité.
N’Dala