L’annonce par Macky Sall du report de l’élection présidentielle initialement prévue pour le 25 février prochain au Sénégal, pourrait marquer le début d’une crise politique sans précédent. Pourtant le Président sortant avait promis fin décembre remettre début avril le pouvoir au président élu à l’issue du scrutin.
Le Chef de l’Etat, Macky Sall, en fin de mandat, a annoncé samedi l’abrogation du décret portant convocation du corps électoral, marquant ainsi l’annulation du scrutin présidentiel.
Macky Sall renonce ainsi à convoquer le corps électoral à quelques heures de l’ouverture de la campagne électorale et annonce un report de l’élection présidentielle du 25 février 2024. Mais le Président sortant n’a pas donné de nouvelle date pour l’élection.
De son côté, Thérèse Faye, ministre du Développement communautaire avait déclaré vendredi, lors d’une interview télévisée, être « pour un report » d’ « au moins 6 mois ».
Mais Macky Sall assure que le report de la présidentielle, intervient afin de « ne pas interférer » dans le travail d’une commission parlementaire qui enquête sur deux juges du conseil constitutionnel.
Alors que les candidats à la présidentielle étaient nombreux, le Conseil constitutionnel a choisi d’exclure du scrutin des dizaines de prétendants, dont deux ténors de l’opposition, le candidat antisystème Ousmane Sonko et Karim Wade, ministre et fils de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012). Toutefois, Macky Sall promet un cadre de dialogue national pour une bonne issue du scrutin.
« J’engagerai un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive », a indiqué Macky Sall.
Mais l’opposition ne l’entend pas de cette oreille. Elle fustige cette décision pourtant « très rare » au pays de Sendar Senghor. L’opposant Khalifa Sall un des principaux candidats à la présidentielle, a appelé samedi tout le pays à « se lever » contre le report du scrutin.
Cet appel a donné lieu à des échauffourées dimanche entre militants de l’opposition et les forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène avant d’essuyer des jets de pierre. Des opposants et candidats à la présidentielle ont même été interpellés alors qu’ils participaient à la manifestation.
Les autorités ont suspendu le signal de la télévision privée Walf TV, coupable selon elles d’« incitation à la violence » à la suite de la diffusion des images des protestations. Le groupe Walf a annoncé sur les réseaux sociaux un « retrait définitif de sa licence par l’Etat ».
Plusieurs candidats de l’opposition ont néanmoins annoncé dimanche à la presse et sur les réseaux sociaux qu’ils vont passer outre la décision du président Macky Sall et assurent qu’ils vont maintenir le lancement ce dimanche de leur campagne électorale, comme cela était prévu.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedéao) a elle aussi exprimé son « inquiétude face aux circonstances qui ont conduit au report de l’élection » et a appelé « les autorités compétentes à favoriser les procédures afin de fixer une nouvelle date ».
Le ministère français des Affaires Etrangères, a également appelé dimanche le Sénégal à lever les « incertitudes » créées par le report de la présidentielle et à tenir un scrutin « dans le meilleur délai possible ».
Pour l’heure, le pays est suspendu entre une opposition qui fait face à une probable « prolongation de mandat » de Macky Sall et un gouvernement qui a déjà perdu le soutien du ministre Secrétaire général du gouvernement Abdou Latif Coulibaly. Ce dernier a, en effet, présenté sa démission samedi, après l’annonce du report du scrutin.
Eric K.