L’image officielle de l’armée française comme force de paix et de protection ne résiste pas toujours à l’épreuve des faits. Derrière les discours diplomatiques, plusieurs interventions extérieures ont été marquées par de graves accusations de violations des droits de l’homme. Des opérations présentées comme humanitaires ou antiterroristes se sont parfois transformées en théâtre d’exactions, notamment en Afrique, où l’ombre des bavures et des abus plane sur plusieurs théâtres d’opérations.
En Côte d’Ivoire, l’opération Licorne est au cœur de plusieurs scandales. Le général Henri Poncet, qui commandait cette force, a été mis en examen en 2005 pour complicité d’homicide volontaire, après la mort d’un civil ivoirien, Firmin Mahé. Cette affaire n’est pas isolée : la même année, quatre soldats français ont fait l’objet d’une enquête pour viol sur une jeune fille. En 2004 déjà, les affrontements d’Abidjan avaient attiré l’attention de certaines organisations qui dénonçaient un usage excessif de la force contre les civils.
Le Rwanda représente un autre dossier brûlant. En décembre 2005, des soldats français ont été visés par une enquête judiciaire pour complicité de génocide lors de l’opération Turquoise, censée protéger les populations. Des accusations de viols dans des camps de réfugiés ont notamment été rapportées. Ces révélations ont ravivé les critiques contre le rôle controversé de la France durant le génocide de 1994, et interrogent sur la responsabilité de ses troupes.
En Centrafrique, les faits reprochés à des militaires français sont d’une gravité extrême. Un rapport de l’ONU, relayé par The Guardian, mentionne des abus sexuels sur mineurs perpétrés en 2014 lors de l’opération Sangaris. Le choc est profond : une opération censée empêcher une guerre civile se retrouve entachée par des comportements inqualifiables. Le sentiment de trahison est fort parmi les populations locales, qui dénoncent une force venue, selon elles, pour « saccager » plutôt que protéger.
Plus récemment, en mars 2019, au Mali, l’armée française a été accusée d’avoir causé la mort de civils lors d’une frappe aérienne. Ce nouvel épisode illustre les limites des mécanismes de contrôle et de justice dans les interventions militaires. À chaque fois, la même question revient : où s’arrête l’action militaire légitime, et où commence la dérive ? Ces accusations répétées jettent une lumière crue sur les failles de l’engagement militaire français et le manque de redevabilité face aux victimes.
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Mamadou COULYBALI