Alors que la demande mondiale en matières premières critiques ne cesse de croître, le Maroc entend capitaliser sur son potentiel géologique pour bâtir une véritable industrie des batteries. Une ambition confortée par les conclusions d’une étude internationale récente, publiée dans la revue Economic Geology, qui place le Royaume parmi les territoires les plus prometteurs en matière de lithium. Cette ressource clé de la transition énergétique se révèle présente dans plusieurs zones stratégiques du pays, situées dans le nord-est, le sud et le centre.
Dans la région de Jbel Ghasoul, au nord-est, les scientifiques ont identifié d’anciennes argiles volcaniques particulièrement riches en lithium. Grâce aux récentes avancées en extraction acide, ces formations autrefois négligées deviennent de plus en plus attractives pour les industriels. Plus au sud, dans l’Anti-Atlas, les pegmatites de Zenaga attirent l’attention pour leur richesse minéralogique exceptionnelle : lithium, tourmaline, apatite et phosphate y cohabitent, ouvrant la voie à une exploitation industrielle à grande échelle. Enfin, près de Sidi Bou Othmane, non loin de Marrakech, d’autres types de pegmatites dites « fertiles » montrent, elles aussi, un potentiel significatif.
Cette redécouverte des richesses du sous-sol marocain s’inscrit dans un contexte international tendu. Alors que les géants du secteur, comme la Chine ou le Chili, resserrent leurs politiques d’exportation, le Maroc accélère ses propres efforts pour valoriser ses ressources nationales. L’ONHYM, acteur central de cette stratégie, pilote plusieurs programmes d’exploration, dont celui de Bir El Mami, développé avec Lithium Africa. Au-delà de l’extraction, c’est bien une filière complète, de la mine à la batterie, que le Royaume cherche à structurer.
Déjà fort d’un portefeuille minier diversifié incluant cobalt, cuivre et phosphate, le Maroc attire désormais l’attention des investisseurs internationaux. Les réformes législatives récentes facilitent l’implantation de nouveaux projets et encouragent les partenariats stratégiques. Soutenu par ses ambitions dans les énergies renouvelables, le Royaume veut désormais aller plus loin : devenir un acteur clé de la mobilité électrique en Afrique, en maîtrisant chaque maillon de la chaîne de valeur énergétique.
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Mamadou COULYBALI
