Nigeria : un déploiement stratégique pour refermer la fracture numérique et renforcer la présence de l’État
Le programme approuvé par le Conseil exécutif fédéral, visant l’installation de 4 000 antennes-relais dans les zones les plus mal desservies, intervient dans un moment décisif où la question de la connectivité dépasse la seule dimension technologique. Elle touche à l’inclusion économique, à la sécurité nationale, à la cohésion territoriale et, plus profondément, à la capacité de l’État nigérian à répondre aux fractures historiques qui minent le développement du pays.
L’initiative, portée conjointement par le ministère des Communications numériques et le ministère des Finances, marque un tournant politique majeur qui consacre la connectivité comme un droit structurant et non comme un privilège réservé aux centres urbains. En reconnaissant que 23 millions de citoyens restent en marge du numérique, le gouvernement pose un diagnostic lucide que l’économie nigériane ne peut prétendre à la transformation sans intégrer ses périphéries, là où se joue une grande partie de son potentiel agricole, démographique et commercial.
Au-delà du volet technologique, ce programme doit être lu comme un acte de souveraineté. Dans un environnement marqué par les menaces sécuritaires et la fragmentation territoriale, étendre le réseau, c’est renforcer la capacité de l’État à communiquer, surveiller, intervenir et coordonner. C’est également donner aux communautés rurales des outils essentiels : accès au marché, information en temps réel, services publics modernisés, opportunités entrepreneuriales.
L’articulation du projet numérique avec la création de centres dédiés à la mécanisation agricole dans les six zones géopolitiques révèle une stratégie plus large pour construire des infrastructures matérielles et immatérielles d’une économie qui fonctionne douze mois sur douze, décloisonnée, productive et capable d’assurer sa sécurité alimentaire. Ce couplage est politiquement significatif, il inscrit la technologie non pas comme un secteur isolé, mais comme un levier transversal de transformation.
Le Nigeria affirme ainsi sa détermination à refonder le pays en passant par une présence accrue de l’État dans les zones longtemps négligées, par une redistribution équitable des opportunités et par une préparation méthodique à l’économie numérique continentale. Si cette dynamique se poursuit, elle pourrait devenir l’un des piliers d’un renouveau national fondé sur l’inclusion, la compétitivité et la souveraineté technologique.
Rokia N’Dala
