RDC : L’engagement africain à l’épreuve de la guerre et de la refondation nationale
La République démocratique du Congo (RDC) traverse une phase décisive de son combat pour la paix et la souveraineté nationale. Alors que les violences se poursuivent dans sa partie orientale, en dépit d’accords diplomatiques récents, la visite à Kinshasa du président de la Commission de l’Union africaine remet au centre du débat la question de l’efficacité de l’engagement africain face à une agression persistante. L’enjeu est désormais politique et stratégique pour transformer les déclarations de solidarité en actions crédibles capables de freiner l’escalade sécuritaire et de restaurer l’autorité de l’État congolais.
En réaffirmant que « l’Afrique n’a pas abandonné la RDC », Mohamed Ali Youssouf adresse un message politique fort, autant à l’opinion congolaise qu’aux acteurs régionaux. Cette déclaration engage l’Union africaine au-delà du symbolique. Elle place l’organisation continentale devant sa responsabilité historique, celle de démontrer que les mécanismes africains de paix peuvent prévaloir face aux logiques de déstabilisation, aux jeux d’alliances ambigus et à l’impunité persistante.
La guerre imposée à l’Est de la RDC, portée par l’agression rwandaise et ses relais armés de l’AFC/M23, n’est pas un conflit périphérique. Elle constitue une attaque directe contre la souveraineté congolaise et, plus largement, contre l’idée même d’un ordre africain fondé sur le respect des frontières et des peuples. Les massacres de civils à Uvira et dans d’autres territoires du Sud-Kivu rappellent l’urgence d’une réponse qui ne se limite pas aux communiqués diplomatiques.
L’accord de Washington, s’il représente une avancée diplomatique, ne saurait être un alibi pour l’inaction. Le décalage entre les annonces de retrait des forces rwandaises et la réalité observée sur le terrain alimente une crise de confiance majeure. Dans ce contexte, le rôle de l’Union africaine est clair : garantir le suivi, exiger la transparence et soutenir la RDC dans la défense de son intégrité territoriale, sans faux-semblants ni calculs géopolitiques.
Pour les autorités congolaises, cette séquence doit être mise à profit pour renforcer une stratégie globale de refondation nationale. La paix durable ne se construira pas uniquement par des accords extérieurs, mais par la consolidation de l’État, la réforme du secteur de la sécurité et la mobilisation du peuple autour d’un projet souverain. La diplomatie active du président Félix Tshisekedi s’inscrit dans cette dynamique : internationaliser la vérité du conflit tout en réaffirmant le leadership congolais.
La RDC n’est pas un problème africain à gérer, mais une cause africaine à défendre. L’Union africaine est aujourd’hui attendue non sur ses intentions, mais sur sa capacité à agir. La paix à l’Est du Congo sera un test décisif pour l’Afrique politique, solidaire et responsable que le continent appelle de ses vœux.
N’Dala