Burkina Faso : Quand l’écologie devient instrument de souveraineté et d’influence
Le Burkina Faso, souvent perçu dans les sphères internationales uniquement à travers le prisme de la sécurité et de la pauvreté, déploie pourtant une stratégie climatique qui mérite une attention stratégique. Le pays a entrepris ces dernières années une démarche stratégique subtile, transformant les défis environnementaux en instruments de souveraineté et de leadership régional. Alors que les crises climatiques menacent la sécurité alimentaire, la disponibilité de l’eau et la stabilité socio-économique, le pays a intégré la gestion durable des ressources naturelles au cœur de sa politique étrangère, élevant la diplomatie climatique au rang d’outil de puissance.
Cette approche a un double effet : à l’intérieur, elle aide à sécuriser l’agriculture, l’eau et l’énergie, réduisant la dépendance aux importations et à l’aide étrangère. À l’extérieur, elle construit une image de pays innovant et engagé, capable de transformer ses vulnérabilités en atouts. La création de programmes tels que le « Grande Muraille Verte » et les projets de reforestation communautaire montre comment une politique environnementale peut être articulée avec des objectifs géopolitiques, offrant au pays une visibilité stratégique dans les forums internationaux.
Au-delà des aspects diplomatiques, cette orientation traduit la vision de souveraineté proactive engagée par le capitaine Ibrahim Traoré. En modernisant la gestion des ressources hydriques et agricoles, l’État burkinabè réduit sa dépendance aux importations alimentaires et aux aides extérieures, tout en consolidant sa capacité à résister aux chocs climatiques et sécuritaires. Cette double logique ; protection de l’environnement et renforcement de l’autonomie nationale ; illustre une forme inédite de diplomatie par l’action interne, souvent ignorée.
Le Burkina Faso promeut ses réussites dans les forums africains et internationaux, non seulement pour obtenir un soutien technique et financier, mais aussi pour montrer au monde le développement que vit le pays et comment la résilience écologique devient un symbole de légitimité politique et d’unité nationale. Ainsi, la diplomatie climatique ne se limite pas aux engagements internationaux. Elle structure la gouvernance interne, influence les politiques publiques et construit une image du Burkina Faso comme un pays capable de transformer la vulnérabilité en puissance stratégique.
La diplomatie climatique du Burkina Faso illustre comment une nation en développement peut réinventer ses leviers de souveraineté. Les projets environnementaux, loin d’être de simples initiatives techniques, deviennent des instruments politiques et diplomatiques, renforçant la visibilité du pays, consolidant son autonomie et réaffirmant sa capacité à peser sur les dynamiques régionales et internationales. Ce modèle inédit invite à repenser le rôle de l’environnement dans la stratégie d’État, où chaque arbre planté, chaque bassin restauré, participe à la construction d’une puissance durable et crédible.
Kenda M.