Face à l’afflux massif de réfugiés fuyant la guerre au Soudan et faute de fonds internationaux réorientés notamment vers « l’Ukraine et Gaza », l’ONU s’alarme d’un « arrêt imminent » de son aide alimentaire au Tchad.
« Le PAM alerte aujourd’hui sur un arrêt imminent de son assistance alimentaire et nutritionnelle à 1,4 million de personnes au Tchad, dont les nouveaux réfugiés soudanais, en raison de contraintes financières », a déclaré Djaounsede Madjiangar, porte-parole du Programme Alimentaire Mondial (PAM) en Afrique de l’Ouest et Centrale.
Il a précisé qu’au cours de six derniers mois, il y a eu autant de réfugiés qui ont fui vers le Tchad durant les 20 dernières années depuis le début de la crise au Darfour (est du Soudan) en 2003.
Le Tchad abrite environ 1,4 million de déplacés internes ou réfugiés en raison de conflits dans ce pays et chez ses voisins.
Avant qu’une nouvelle guerre civile n’éclate au Soudan mi-avril 2023, le Tchad abritait déjà, selon l’ONU, plus de 400 000 réfugiés ayant fui la guerre qui avait ravagé le Darfour de 2003 à 2020. Il en compte aujourd’hui près de 900 000.
« En décembre, le PAM sera contraint de suspendre son assistance aux déplacés et aux réfugiés du Nigeria, de la Centrafrique et du Cameroun, en raison de l’insuffisance des fonds. À partir de janvier 2024, cette suspension sera étendue notamment aux nouveaux réfugiés du Soudan, qui ne recevront pas de nourriture », s’est inquiété l’agence de l’ONU.
Vendredi, Médecins sans frontières (MSF) avait estimé que des milliers d’enfants réfugiés soudanais au Tchad souffraient de « malnutrition aiguë sévère ». L’ONG en a pris en charge 14 000 depuis le début de l’année, dont près de 3 000 ont dû être hospitalisés.
Lors de la seule première semaine de novembre, plus de 8 000 soudanais sont entrés au Tchad, selon l’ONU qui évoque au Darfour des « violences à grande échelle », un possible nouveau « génocide ».
Eric K.